« ILS  SE  TROUVAIENT  À  BETHPHAGÉ,  SUR  LE  MONT  DES  OLIVIERS,  LORSQUE  JÉSUS  ENVOYA  DEUX  DISCIPLES... »

En demandant à ses disciples de chercher pour lui l'ânesse, inséparable de son ânon (ci-dessus), tout droit sortis de la prophétie de Zacharie (chap. 9, vers. 9), Jésus accepte pour la première et unique fois de laisser proclamer par la capitale sa royauté messianique. Fugitif accord entre sa mission, qui va finir en tragédie sanglante, et la gloire terri porelle qu'en espère la foule. Bethphagé (chap. 21, vers. 1 ; « maison des figues pas mares » ; à gauche) est, sur le mont des Oliviers, une sorte de faubourg de Jérusalem. (Cl. Hayaux du Tilly-Rapho et Gourdon.)

 petit de celle qui est sous le joug. »

« ILS  CRIAIENT: HOSANNA  AU  FILS  DE  DAVID ! »

L'acclamation Hosanna : « Sauve donc ! » et la formule de bénédiction qui suit (Ps. 117, vers. 26) : «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » montent tout naturellement aux lèvres des Juifs acclamant le « Fils de David ». Nul ne s'y trompe ; les princes des prêtres et les scribes moins que personne, dont l'indignation (Matthieu, chop. 21, vers. 15-16) montrera qu'ils ont parfaitement compris: c'est bien le Messie que salue la ville sainte. Les habitants de la cité se sont portés au-devant de ce roi qui vient, « juste et sauveur ». Quand ils rencontrent son escorte, ils jonchent le sol de vêtements et de palmes C'est encore le psaume 117 (vers. 27) qui proclame: « Venez le célébrer en foule, avec des rameaux, jusqu'aux cornes de l'autel. » Et c'est bien au Temple en effet que Jésus se rend. (Ci-dessus: l'entrée glorieuse à Jérusalem ; icône byzantine ; à Nicosie. Cl. Held - Ziolo.)

« JÉSUS  ENTRA  DANS  LE  TEMPLE  DE  DIEU,  ET  IL  CHASSA  TOUS  CEUX  QUI  VENDAIENT  ET  ACHETAIENT  DANS  LE  TEMPLE »

Sur le parvis même du Temple, on se procurait les victimes pour les sacrifices, les denrées pour les oblations; on changeait drachmes et statères contre les sicles, seuls admis dans le trésor. Voilà qui faisait l'objet d'un trafic bruyant, désordonné et pas toujours honnête. La scène (vers. 13) où Jésus cite le prophète Isaïe (chap. 56, vers. 7) est rapportée à brûle-pourpoint par Matthieu qui se défend de toute passion. Jean (chap. 2, vers. 14 à 17) y mettra plus de fougue, et décrira Jésus s'emparant d'un fouet, comme le montre ce relief du ciborium de l'église St-Marc à Venise. (Cliché Lessing-Magnum.)

 accomplis et les enfants qui criaient dans le Temple : « Hosanna au Fils de David! » s'indignèrent

« IL  LUI  DIT:  JAMAIS  PLUS  IL  NE  NAÎTRA  DE  FRUIT  DE  TOI.  AU  MÊME  INSTANT  LE  FIGUIER  SÉCHA. »

On a rapproché cet épisode de la parabole du figuier stérile (Luc, chap. 8, vers. 6 à 9), image du peuple juif infidèle aux faveurs divines. Mais la malédiction, suivie d'effet immédiat, doit être plutôt interprétée comme un signe de la puissance du Christ ; le commentaire semble le confirmer : la foi en lui suffit non seulement à dessécher un quelconque figuier, mais à transporter les montagnes. (Cliché Lessing - Magnum.)

« IL  ÉTAIT  ENTRÉ  DANS  LE  TEMPLE  ET  IL  Y  ENSEIGNAIT.»

Les trois protagonistes de la dramatique semaine sont en présence. D'un côté, le peuple, qui depuis l'entrée triomphale dans Jérusalem le dimanche précédent, tient encore Jésus pour le Messie attendu et qui, dit Luc (chap. 21, vers. 37-38), accourt tous les matins pour l'écouter. Au centre, le Christ lui-même, qui le jour enseigne dans le Temple avec autorité (ci-contre : appuyé au trumeau central du portail sud de la cathédrale de Chartres) et chaque soir se retire à Gethsémani, au mont des Oliviers. De l'autre côté, les notables hostiles: pharisiens et sadducéens; avec toute l'hypocrisie dont sont capables les pires des chattemites, les voici qui posent la grave question : «Qui t'a donné ce pouvoir ?» (chap. 21, vers. 23). En clair, c'est déjà celle de Caïphe (Matthieu, chap. 28, vers. 63) «Dis-nous si tu es le Messie, le Fils de Dieu. » Mais l'heure n'est pas venue de la solennelle attestation Jésus répond, à la manière de ces docteurs de la Loi, et interroge à son tour, à la recherche d'un terrain d'entente. La dérobade de ses adversaires, dont l'évangéliste analyse l'embarras, autorise son refus d'éclairer ceux qui, de leur côté, rejettent la lumière. (CI. Mgr Michon.)

« UN  HOMME  AVAIT  DEUX  FILS  ET,  S' ADRESSANT  AU  PREMIER,  LUI  DIT: « MON  FILS. VA TRAVAILLER  À  LA  VIGNE. »

Cette fois, les pharisiens répondent ingénument à la question que leur pose le Christ, tirant eux-mêmes la morale de la parabole (vers. 28-31) dont ils n'ont pas saisi l'allégorie. Le père, c'est Dieu ; des deux fils, dont l'un parait ouvert et l'autre pas du tout (ci-dessus), celui qui fait mine d'obéir allègrement les symbolise eux-mêmes, ces faux dévots fidèles à la lettre de la Loi et fermés à son accomplissement; celui qui, sollicité de la même façon, refuse d'abord d'obéir pour, ensuite, prompt au repentir, courir à l'œuvre ordonnée, symbolise ces publicains honnis et pécheurs de toute extraction, à qui une conversion sincère ouvre le « Royaume » du salut. Le canevas prêtait bien sûr aussi à l'interprétation traditionnelle : le fils accueillant aux ordres d'En-Haut, mais infidèle, figure ceux qui, parmi les fils d'Israël, ont trahi l'ancienne Alliance ; le fils d'abord rebelle, puis soumis, ceux qui, parmi les Gentils, ont rallié la nouvelle. (Cliché Hayaux du Tilly - Rapho.)

« LA  PIERRE  QU'ONT  REJETÉE  LES  BATI9SSEURS.  C'EST  ELLE   QUI  EST  DEVENUE  LA  PIERRE  D'ANGLE.»

La citation du psaume 117 (hébreu 118, vers. 22-23) est aussi familière aux oreilles juives que celle du poème d'Isaïe (chap. 5, vers. 7) dont Jésus vient de faire clairement usage. Rappelons que le mot, qui signifie littéralement « pierre de l'angle extérieur », désigne tantôt le faite de l'édifice, le « pinacle » (ci-dessus : dans son cadre actuel, celui du « Temple », intégré à l'enceinte du Haram-ech-Charif), tantôt la pierre sur laquelle il s'appuie. Dans la parabole des vignerons, les serviteurs massacrés sont tous les « hommes de Dieu » maltraités ou massacrés en huit siècles d'histoire biblique; le Fils mis à mort est bien sûr la figure du Christ lui-même, et aussi « la pierre d'angle » rejetée par ceux qui étaient normalement appelés à bâtir grâce à elle l'édifice du Temple éternel. Princes des prêtres et pharisiens l'entendent parfaitement, qui cherchent désormais à se saisir de lui (Matthieu, chap. 21, vers. 46) pour le faire taire à jamais. (Cliché Menant.)

 Suite :  La robe nuptiale - Dieu et César - La Résurection - Amour de Dieu et du prochain - Filiation du Messie.

 Les images et les textes proviennent de : en ce temps là la bible. Éditions du Hennin Paris 1977